Près de cent ans avant que Marvel ne crée le plus grand récit multidimensionnel au sein d’un seul grand univers, l’artiste surréaliste néerlandais Paul Delvaux a été le pionnier du modèle de l’univers fictif, créant un vaste type dans lequel des dizaines de personnages et de lieux différents coexistent, suscitant le plaisir et l’intérêt du spectateur perplexe.
Paul a dû convaincre son père de le laisser s’inscrire à l’Académie royale des art afin qu’il puisse étudier ce qui le passionnait. Après une courte période d’études dans le département d’architecture, il choisit la peinture décorative. Le surréalisme a été une révélation pour Paul, mais pas au sens où ses collègues ont pris à cœur l’idéologie surréaliste.
Il n’était pas du tout intéressé par la politique du mouvement. C’est plutôt l’atmosphère poétique et mystérieuse et la logique absurde qui l’ont attiré. Selon l’artiste, ce sont les techniques manifestées dans le surréalisme qui ont changé tout le paysage des possibilités. Lorsque j’ai osé peindre un arc de triomphe romain avec plusieurs lampes allumées au sol, un pas décisif a été franchi.
Après que le surréalisme a ouvert la porte à la toile sans frontières logiques ni règles universelles, Paul s’est libéré de tout ce qui le liait à la réalité, et a ainsi pu créer quelque chose à mi-chemin entre la modernité et la fiction, entre le rêve et la solitude. Pour mieux comprendre l’œuvre de Paul, il est nécessaire de connaître ses ambitions, ses buts et ses sentiments à l’égard de la peinture.